• Belgique 1 Wehrmacht 0 : suite

    Belgique, France, Italie, Allemagne s'affrontent à coups de side-cars et motos solos dans la nature boueuse autour de Spa (ville d'eaux thermales). On a très peu d'informations sur ce Concours, surtout côté français, lorsque soudain... 

    Belgique 1 Wehrmacht 0 : suite... C'EST LE MIRACLE avecBelgique 1 Wehrmacht 0 : suite le retour du "Juif errant" (*), l'éternel voyageur bourlingueur : Robert Sexé ! À Moto Revue, il faisait partie des meubles, dévidant ses récits, vite fait : deux pages avec une ou deux photos (... mauvaises, le papier d'époque). Durant neuf semaines entre 1938 et 39, il raconta "14 000 kilomètres à vélomoteur" en Hollande, Danemark puis Norvège. Voyageant "léger" sur son 100 Peugeot (104 kg tout équipé), il prend son temps. Ce qui...

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    Au vu de son chargement, Robert Sexé (toujours aussi souriant) semble être sur le départ. Nouveauté appréciable, la remorque signée Peugeot permet de se passer des sacs ficelés à la va-vite. Exit aussi le  tablier de réservoir remplacé par ce qui préfigure les caractéristiques "sabots" Peugeot des années d'après-guerre. Le réservoir à genouillères de ce P53, plus ventru, semble être emprunté à une 125 (?), de même que le phare, plus gros également.

    ... lui permet de laisser traîner ses regards en dehors des panoramas touristiques. Ainsi, en Hollande, il s'émeut de paysannes qui "passent, gracieuses et dignes, dans leurs courtes jupes plissées"... Plus loin, il est sur "une plage à belles déesses bronzées"... Au Danemark,  "de beaux bras nus, haut levés (le), saluent... À leur guidon, malgré la chaleur, les cyclistes accomplissaient leur devoir : d'être  gracieuses et gaies". FilantBelgique 1 Wehrmacht 0 : suite encore plus au Nord, il suit "les blondes cyclistes en combinaisons multicolores". En Belgique il est passé à Spa, mais du Concours des 3 Jours il n'a retenu que la couleur des étendards et des uniformes. On a vu comment Moto Revue avait dû se passer de lui. Pourtant, reportage de sa part, et plus complet, il y a bien eu ! C'est que, en raison de son statut de pigiste, Sexé peut signer partout où il en a l'occasion.

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    Il existe plusieurs photos de Sexé avec la Peugeot et sa remorque, mais il ne semble pas l'avoir réellement utilisée dans ses grands voyages. Il est vrai qu'il était le "client" idéal pour démontrer l'utilité quotidienne d'un tel attelage. C'est du moins ce qu'il a fait en photos publicitaires.

    ON TROUVE SA PATTE ailleurs dans Dimanche-Auto ou Le Journal des Voyages, La Moto ou encore Le Monde Automobile & Motocycliste. Sans doute aussi dans bien d'autres publications car Sexé avait l'art de rentabiliser ses écritures. Cependant, il est resté fidèle depuis 1924 à un titre : la confidentielle Revue du Motocycle Club de France.

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    Le M.C.F. de Juillet-Août 1928 publie l'article de Sexé sur Spa : 1 page 2/3 et une photo : hommage très académique des militaires français au monument aux Morts de Spa... Maigre récolte ! Sauf que le hasard, et une poignée d'euros, m'ont fourni d'autres photos d'époque d'un amateur belge concentré - hélas un peu trop - sur ses compatriotes. 

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    Voici ce qui est sans doute le contre-champ du plan général de la dernière photo parue dans l'article précédent. La garde au sol du side Gillet (30 cm selon Sexé) y est mise en évidence. Les trois hommes de l'équipage sont à la manœuvre, bien qu'une main "clandestine" révèle un aide surnuméraire.

    NOUVELLE DIFFICULTÉ avec les deux textes dont on dispose : Moto Revue n'a pas vu le même nombre de machines ni d'hommes que Sexé.  Ce dernier a compté 35 sides Gillet belges plus 25 sides F.N. tandis que MR ne trouve que 14 "équipes" sur Gillet ou F.N. S'y ajoute Saroléa, dont Sexé ne souffle mot... Les deux sont d'accord pour l'Italie (3 équipes) et l'Allemagne (2 équipes).

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    Une Saroléa 600 mono à la peine, malgré l'aide d'un camarade (ou 2 ?) venu à la rescousse. Les crampons des pneus n'étaient vraiment pas suffisant, surtout avec des machines aussi lourdes et peut-être aussi avec des pilotes trop peu aguerris pour le genre d'exercices qui leur était imposé.

    SEXÉ FAIT L'IMPASSE sur la première journée, environ 500 kms  à parcourir à 45 de moyenne. Circuit routier et passages contrôlés, donc orientation sur cartes. Selon MR, 5 équipes belges sur 14 (!) s'en tirent sans pénalités, idem des allemandes et françaises. Le meilleur était pour le jour suivant : 23 km de tout-terrain, genre  moto-cross, avec moyenne imposée de 20 km à l'heure.

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    Là encore, quatre hommes pour tirer un side Gillet de l'ornière. Il est suivi de loin par un "soliste" sur une 600 Saroléa. Ce puissant mono à soupapes latérales dérivait du modèle touriste 38 T6 devenant T38 M (militaire)

    Belgique 1 Wehrmacht 0 : suiteHormis les pneus à crampons, la différence la plus apparente entre la 38T6 et la M est l'échappement relevé et un pare-chocs. Cependant, il semble que sur cette militaire le moteur est "remonté" dans le cadre, afin d'obtenir une plus grande garde au sol. On note le réservoir plus petit, comme la batterie.

    Une équipe belge de "solistes" va mettre une heure pour couvrir les 4 premiers kilomètres ! Les sides s'en tirent un peu mieux, favorisés par leur vitesse "treuil", des pneus à crampons et - surtout - leurs deux roues motrices sur moto et side. Les Allemands vont souffrir, obligés parfois à 12, de traîner leurs lourdes 750 R12, basses et avec la seule roue motrice de la moto. Ils mettront 4 h 30 à terminer l'épreuve que les Français ont bouclée en 2 h 30. Cuisante, la leçon servira, plus tard à l'élaboration des Belgique 1 Wehrmacht 0 : suiteBMW R75 et Zündapp KS 750. Décrite avec lyrisme par Robert Sexé, la suite de l'épreuve est quasi apocalyptique, sauf pour les pilotes belges. Exemple au Gué des Artistes : "Les lourds side-cars plongent dans l'eau et, d'un puissant coup de rein (! ?), au ralenti, en vitesse treuil, traction embrayée, un passager à plat ventre sur le nez de la caisse pour l'empêcher de lever, les meilleurs s'en tirent avec assez d'aisance".

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    La bonne vieille corde a encore son utilité comme on voit entre ces deux sides. Le passager du premier plan, la jambe droite dans le vide, pèse de tout son poids de la gauche sur le châssis afin d'augmenter la pression sur les deux roues motrices et éviter le dangereux cabrage.  

    D'autres noient leur(s) bougie(s) , bloquant le passage, ou glissent à reculons sur le talus qui succède au gué. Alors, poursuit Sexé : "... ils retournent à la mare. Il est des baignades involontaires... quelques maladroits se cabrent et chargent le public". Le passage de l'équipe française est moins spectaculaire : "Voilà le premier véhicule à l'eau. Par précaution, une légère poussée et traction embrayée, avec un sang-froid incroyable. Voilà, sans un accroc tous nos engins passés (...) ayant donné une démonstration d'extraordinaire discipline et de maîtrise. On se sent réconforté (...)." Du moins était-ce l'avis de Sexé...

    Pendant ces jeux sportifs, l'heure tourne et le crépuscule arrive, annonçant la nuit. Un officier d'état-major, à brassard rouge, stoppe les réjouissances avant une escalade parmi les plus périlleuses, à travers des arbres. La suite est remise au lendemain, mais elle sera plus qu'écourtée.

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    L'un des deux équipages qui ont apporté les deux premières places du Concours Militaire. Leurs corps d'origine étaient le 1er et 2ème Lanciers cantonnés à Spa, en somme, les régionaux de l'étape... 

    Et en effet, comme il fallait s'y attendre, la troisième journée sera celle des démonstrations d'adresse sur le terrain de football, base de ce Concours. Les Belges y font de la vitesse en marche arrière, tout en s'échangeant la place du pilote ; ils lancent le side sans personne à bord ; tirent à la carabine sur des ballons, etc. Les Italiens font des passages allongés sur leur Guzzi ou debout sur la selle, puis valsent et s'éloignent en cercles concentriques dans un nuage de poussière. Sagement, les Allemands évoluent  au signal du disque brandi par leur officier, sautent un tremplin, lèvent la roue du side au passage d'une bosse. Rien là-dedans qui ne dépasse les exhibitions déjà vues ailleurs. Rien, sauf celle des Français : le changement en marche de la roue du side mené par le Maréchal-des-Logis Bisiau remporte le prix de virtuosité, applaudi par le public ! ...

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    Le side Gnome Rhône XA n°3 du M.d.L. Bisiau dans une figure classique des rodéos militaires : la dépose-repose en marche de la roue du sidecar. Dans le ceinturon du pilote est glissée la hampe de ce qui semble être un fanion alors que derrière lui, on distingue un autre fanion tenu par le passager... La même démonstration s'effectuait aussi avec un attelage 1000 René Gillet.

    ... Ce qui conforte la troisième place de la France, derrière deux équipages belges sur des sidecars Gillet, et accédant à la première place des concurrents étrangers.

    On laissera à Robert Sexé le soin de conclure son reportage dans son style bien personnel où il réussit l'alliance du sabre et du goupillon :"La colonne internationale est une rangée d'hommes de fer, ses officiers des statues, saluant la main rivée au casque. De (ndlr : dans ?) ce silence total, les accents timides semblent prendre quelque ampleur. Plus fermes, très purs ils montent vers le ciel serein ces hymnes différents et rivaux.                                            Comme une prière collective à Dieu après de durs combats." 

    (*) "Juif errant" était le surnom amical donné parfois à Sexé dans quelques textes humoristes de MR. Ce serait à vérifier, mais il semble que cette plaisanterie a été moins, voire plus du tout, utilisée après les tragédies antisémites des années 30 en Allemagne nazie


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