• Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    "LA MOTOCYCLETTE EST BRUYANTE, sale, dangereuse et en plus coûteuse : il faut donc réduire sa production". En 1981, le Quotidien du peuple (ci-dessous) n'y allait pas de main morte, reprenant les déclarations d'un haut responsable pékinois. Lequel Moto électrique... mais à quel prix ? (3)ajoutait qu'il n'était "pas question de construire de nouvelles usines de motos en Chine, sauf si c'est pour les exporter ". Du fond du laogaï (1) où il croupit, l'auteur de ces paroles doit aujourd'hui les regretter. Pourtant, il n'avait qu'à moitié tort, car la fin de sa phrase deviendra réalité quelques années plus tard, ainsi qu'on va le voir. 

    (1) Équivalent chinois du goulag. Le mot est valable au scrabble)

    En 1995 le nombre de motos à Pékin a "peu" augmenté, passant à 30 000 depuis les 11 000 de 1980, mais la production a, elle, explosé : 3,7 millions de machines. De son côté, l'agence de presse Chine Nouvelle (Xinhua)  comptait 8 millions de motosMoto électrique... mais à quel prix ? (3) dans le pays en cette année 1995. Avec un faible risque d'être contredite, elle en annonçait 45 millions pour l'an 2000 ! Chiffres sujets à caution, car Xinhua est une création du parti communiste chinois, ce qui oblige le bon militant à "faire là où on lui dit de faire"...

    DANS CES CHIFFRES doivent figurer les premières machines chinoises produites dans le pays. Elles sont bien différentes de la M72 soviétique, puisque Moto électrique... mais à quel prix ? (3)la première est une Xingfu 250 qui vient tout droit de ⇒ ⇒ ⇒ ⇒ Tchécoslovaquie. Sans ses caches latéraux, elle y est connue sous le nom de Jawa. L'autre est une 750, siglée aussi Xingfu, avec un moteur vertical-twin à soupapes en tête très influencé par la technique anglaise. Selon un article de Moto Journal de 1981, ces deux machines sortaient depuis 1964 d'une usine proche de Shanghai et que le journaliste a pu visiter. La rupture des relations avec la Russie s'étant produite en 1960, la Chine ne pouvait plus piocher chez le Grand Frère, d'où la Xingfu-Jawa tchèque remplaçant les soviétiques 250/350 Izh qui auraient pu faire l'affaire.

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    Un dépliant en anglais et mandarin (4 fois 150 x 205) décrivait avec photos les deux Xingfu. C'est là une des rares preuves de l'existence de la 750. En effet, si la 250 se rencontrait à tous les coins de rue à Pékin, la twin n'y a été vue qu'en tenue kaki et avec sidecar. À deux reprises et à quelques années d'intervalle, deux voyageurs (Merci Philippe ! Merci Daniel !), à la fin des années 80 (photo à droite) lui ont tiré le portrait à l'intention du Zhumoriste. Il semble qu'elle était réservée à l'armée ou à la police. Par la suite, elle disparait des radars, du moins ceux de la presse occidentale

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    Grâce au compositeur Jean-Michel Jarre, au moins un exemplaire de la 750 Xingfu est parvenu en France, sans doute dans les bagages de l'artiste retour de concerts en Chine (1981). Par ailleurs, elle permet de constater une curiosité dans la dénomination des motos dans l'Empire du milieu...

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    ... en effet, sur le bossage du carter d'embrayage, en dessous d'un graphisme chinois, on lit "Dong Hai", nom qui se retrouve sur l'écusson du réservoir.

    Arrêt sur images

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    Entre cartes postales, peintures d'amateurs, publicité et "portraits" tirés chez le photographe local sur une moto de contreplaqué, on obtient un panorama populaire de la moto chinoise durant l'époque mao. 

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    Intrigante, cependant, l'image en haut à droite de ce qui pourrait être une course. La machine représentée a des allures de BMW mono, de AWO est-allemande, voire de Honda première manière ! On n'en saura pas plus...

    Moto électrique... mais à quel prix ? (3)

    L'une des toutes premières Honda en forme de vraie moto (1949/51), la 90 type D2 à cadre en tôle emboutie. Elle sera suivie de la E à suspension arrière coulissante. À la même époque, Lilac avait à son catalogue une 150 en 4 temps, elle aussi avec cadre en embouti, mais avec une transmission par arbre ce qui était une spécialité de cette marque.

     (À suivre)

     


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  • Commentaires

    1
    jackymoto
    Lundi 28 Novembre 2022 à 13:51

    Quelques exemplaires de Dong Hay auraient été importé en Angleterre. Cette machine inspirée de la Triumph T 100 est équipée d'un démarreur électrique énorme. A noter la représentation de la K 750...avec double échappement par cylindre! La K 750 chinoise a un démarreur à la place de la dynamo, un delco sur le haut du moteur, et un alternateur copié sur celui des BM série 5 à la place du distributeur!smile

    2
    JBT
    Mercredi 8 Mars 2023 à 20:41

    J'ai retrouvé dans mes cartons numériques deux photos de DongHai, l'une sur la chaîne de montage, l'autre terminée: 

    https://i.servimg.com/u/f69/13/49/48/64/dh_mon10.jpg

    https://i.servimg.com/u/f69/13/49/48/64/dh10.jpg

    Photos probablement tirées d'un Moto Journal du début des années 80.

      • Vendredi 10 Mars 2023 à 12:24

        Merci des liens, mais impossible de les ouvrir sur mon mac trop vieux... Possible de les passer en mail ?

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