-
Le Japon vu comme jamais (7)
Si l'on en juge par le nombre de survivants, le Fuji "Rabitt" a eu la préférence des Japonais. Et, aujourd'hui, des Japonaises. Mais il s'agit peut-être d'ami(e)s de Motoyan qu'il a réuni(e)s pour la photo (ci)dessous).
LES JEUNES COUCHES qui sont nées à la moto avec la Honda 4 (eux disent Quat' pattes...) ignorent que la marée japonaise a commencé il y a des milliasses d'années. Bon, en résumé, disons 1946. Honda en est encore à motoriser des bicyclettes que Fuji et Mitsubishi lancent chacun leur scooter, nommés respectivement Rabitt (Lapin, bien qu'il soit représenté avec les grandes oreilles du lièvre), et Silver Pigeon (Pigeon d'argent *). Dans un pays sevré de moyens de transports individuels, les deux scooters, améliorés d'année en année, font un malheur, bien que valant à leur début le prix de trois à quatre bicyclettes. Plus de deux millions d'exemplaires trouveront un amateur(trice) dans les deux décennies suivantes.)
Sur l'un des premiers Rabitt offert par l'usine Fuji, l'ex-empereur Hiro Ito apporte son soutien à l'industrie motocycliste nationale
Au début de l'occupation du Japon, le GHQ** n'avait autorisé la construction de motos qu'en grosse cylindrée, afin d'équiper les forces de police japonaises. Pour les Américains, le scooter était un jouet, comme il l'était chez eux. Fuji et Mitsubishi qui avaient déjà lancé la fabrication de leurs scooters (200 exemplaires produits en 1946) participèrent à une "fronde" des constructeurs contre le GHQ qui finit par céder. Mais c'est seulement en 1950 que va s'ouvrir l'âge d'or de la moto japonaise, grâce à... la guerre de Corée !
(*) Ce serait une évocation de la colombe de la Paix, selon nos bons maîtres ès-motos japonaises F-MD-G. Celle dessinée par Picasso est de 1949.
(**) Le GHQ est le General Headquarters of the Supreme Commander of the Allied Powers = autorité de tutelle du Japon.
Deux façons bien différentes de promouvoir le scooter. À des époques et dans des pays différents, comme on s'en douterait...
Comme cela va se produire en Europe, la première vague du scooter de l'ère moderne va succomber devant l'élévation du niveau de vie et la production de petites voitures populaires. Fuji, propriétaire de Subaru (auto) participe au changement avec une voiture bicylindre de 360 cm3, ancêtre d'une dynastie appelée ⇒ ⇒ ⇒ à un énorme succès. De son côté, Mitsubishi, démantelé par les Alliés en 1946 (les chasseurs "Zéro" ont laissé des souvenirs...), a éclaté en une galaxie de petites entreprises dont l'une se fera en prenant du volume le nom que l'on sait dans l'industrie automobile (entre autres activités). Le scooter fut la "locomotive" de l'industrie moto, favorisée par une législation bienveillante jusqu'en 1956 : pas de permis pour les 124 cm3 (et moins) ; permis pour les plus de 125
⇐ ⇐ Le 'styling' automobile américain influence le scooter nippon (marque non identifiée).
et jusqu'à 1500 cm3 (les tris) ; âge minimum de 14 ans pour les premiers et 16 ans pour les autres. Le nombre croissant d'accidents amena ensuite une cascade de mesures contraignantes dont les plus spectaculaires furent la Semaine de la Sécurité routière dès 1948 et la création des "motos blanches" de la police bien reconnaissables par leur peinture...
Comme dans toutes les agglomérations mondiales, la jeune génération est ciblée par les conseils de sécurité des autorités. Celles de Tokyo ne font pas dans la dentelle, utilisant sans détour le spectre de la Grande Faucheuse !
La bicyclette gagne du terrain pour les déplacements urbains et le QG de Motoyan, à côté de planches de skate propose désormais de la pièce vélo.
Mais lorsqu'on a besoin d'une pièce essentielle (les roues...), force est de prendre la moto. Celle-ci est une Yamaha 250 SRV (?) raide de neuf. Elle descend de la Virago, vendue chez nous avec succès, alors que la SRV est restée inconnue.
L'intrépide photographe n'a pas craint de garer sa Harley sur les lieux du conflit (en haut, à droite). Il est vrai qu'elle est directementsous l'œil des policiers positionnés au fond et aussi à droite.
Motoyan "reporte" ici un affrontement entre la police et des grévistes retranchés dans un terrain de sports. Le contact peut être violent, faisant des victimes que leurs amis associent à leur mouvement (photo ht, g.). Conflit long, d'où les assiettes de soupe et le stock de bois de chauffage.
Cependant le choc est prévisible, et l'on s'y entraine en se réchauffant...
... car la menace se fait de plus en plus pressante !
Le reportage de Motoyan n'ira pas plus loin et il revient à des occupations plus paisibles. L'occasion de nous faire connaître le nom de l'un de ses amis : Monsieur Zubaba (en VO, Zubaba san). Ce sera le seul personnage identifié parmi les dizaines qui sont apparus tout au long de ces aventures.
Motoyan (san) a écrit lui-même (ci-dessous) la légende identifiant son ami Zubaba (san). Lequel est ci-dessus en compagnie de la demoiselle qui conduit le scooter dont la photo figure en tête de cet article.
FIN *
(*)... j'ai cru entendre "Ouf" ?
Je me dois de porter à la connaissance de mes "milliers" de lecteurs qu'il m'est impossible d'accéder à mon Facebook. Impossible donc d'y publier quoi que ce soit, y compris des photos... ou encore l'annonce de la parution d'un article comme celui-ci sur Eklablog. J'ignore la raison de ce problème car rien ne figure sur la page FB pour y pallier. Mauvaise manip' ?
-
Commentaires
Le scooter non identifié est un Pandora.